Face aux défis climatiques actuels et aux exigences réglementaires croissantes, les entreprises doivent impérativement s'approprier les enjeux de leur empreinte environnementale. Le bilan carbone devient alors un outil stratégique incontournable pour identifier, mesurer et réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par l'ensemble des activités. Cette démarche permet non seulement de répondre aux obligations légales, mais aussi d'optimiser les performances économiques et d'améliorer l'image de marque auprès des parties prenantes. Comprendre l'impact de chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement constitue un levier essentiel pour piloter efficacement la transition écologique.
Mesurer et analyser l'empreinte carbone de votre chaîne d'approvisionnement
La maîtrise de l'impact environnemental d'une entreprise passe nécessairement par une évaluation précise de ses émissions de gaz à effet de serre. Le bilan carbone analyse les émissions directes et indirectes exprimées en dioxyde de carbone équivalent, une unité qui permet de comparer l'impact des différents gaz comme le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d'azote et les gaz fluorés. Cette évaluation s'inscrit dans une démarche globale de décarbonation qui vise à identifier les principales sources d'émissions pour ensuite déployer des actions de réduction ciblées. se former au bilan carbone permet aux équipes de développer les compétences nécessaires pour réaliser ces diagnostics en toute autonomie et garantir la robustesse des résultats obtenus.
Les entreprises de plus de cinq cents salariés en métropole et celles de plus de deux cent cinquante salariés en outre-mer sont légalement tenues de réaliser un bilan GES réglementaire tous les quatre ans. Cette obligation s'inscrit dans un cadre réglementaire de plus en plus exigeant, renforcé par des directives européennes comme la CSRD qui impose désormais la publication d'informations détaillées sur les impacts environnementaux à toutes les entreprises de plus de deux cent cinquante collaborateurs. Au-delà de cette contrainte légale, les TPE et PME sont vivement encouragées à réaliser leur bilan carbone pour participer activement à l'objectif de neutralité carbone et anticiper les évolutions réglementaires futures. Une étude de l'ObSoCo en 2021 révèle d'ailleurs que soixante-et-un pour cent des Français jugent la situation environnementale très préoccupante, ce qui traduit une attente sociétale forte envers les entreprises.
Cartographier les émissions liées aux fournisseurs
La cartographie des émissions constitue une étape fondamentale pour comprendre où se situent les principaux postes d'impact environnemental. Les émissions sont classées en trois scopes qui structurent l'analyse. Le scope 1 regroupe les émissions directes de l'entreprise, issues notamment de la combustion de carburants dans les véhicules de la flotte ou des installations de chauffage. Le scope 2 concerne les émissions indirectes liées à la consommation d'énergie achetée, principalement l'électricité. Le scope 3 englobe toutes les autres émissions indirectes provenant de sources que l'entreprise ne contrôle pas directement, notamment la chaîne d'approvisionnement, les déplacements domicile-travail des salariés, le transport des marchandises et le traitement des déchets.
C'est précisément dans le scope 3 que se concentre la majorité des émissions pour la plupart des entreprises. Comprendre l'impact de ses fournisseurs devient alors un enjeu stratégique majeur. En 2022, soixante-et-un pour cent des directions achats des grandes entreprises de plus de cinq mille salariés avaient défini des objectifs liés au développement durable ou à la responsabilité sociétale des entreprises. Cette tendance témoigne d'une prise de conscience progressive de l'importance d'intégrer les critères environnementaux dans les décisions d'approvisionnement. Cartographier les émissions de la chaîne d'approvisionnement permet d'identifier les fournisseurs les plus émetteurs et d'engager avec eux un dialogue constructif pour réduire l'empreinte carbone globale.
Outils et méthodologies pour quantifier les gaz à effet de serre
Pour réaliser un bilan carbone fiable, les entreprises disposent de plusieurs méthodes reconnues. La méthode Bilan Carbone développée par l'ADEME et portée par l'Association pour la transition bas-carbone constitue une référence en France. Elle propose un cadre méthodologique rigoureux pour évaluer les émissions sur l'ensemble des scopes. Le GHG Protocol, quant à lui, est une norme internationale largement utilisée qui offre une approche complémentaire. Ces deux référentiels partagent des principes communs mais présentent des nuances dans leur périmètre et leur application.
Carbo, qui accompagne plus de mille cinq cents entreprises dans leur transition bas-carbone, propose une solution de pilotage conçue avec une empreinte de seulement un virgule cinquante-sept tonnes de CO2 équivalent par an. Cette plateforme facilite la collecte de données, l'accès à une base de facteurs d'émission actualisés, l'audit de données et le calcul de l'empreinte carbone des produits. Les entreprises peuvent ainsi établir un reporting climat rigoureux et définir des trajectoires de réduction alignées sur les recommandations scientifiques. L'initiative Science Based Targets indique d'ailleurs une trajectoire de baisse des émissions de GES de quatre virgule deux pour cent par an pour les entreprises, tandis que le GIEC recommande de diviser par deux les émissions mondiales de CO2 d'ici 2030 pour limiter la hausse des températures à un virgule cinq degré à la fin du siècle.
Pour se former, plusieurs options s'offrent aux professionnels. L'autoformation à partir des ressources gratuites de l'ADEME représente une première approche accessible mais chronophage et non certifiée. La formation à la méthode Bilan Carbone proposée par l'Association pour la transition bas-carbone comprend une initiation à mille cent cinquante euros et une maîtrise à mille deux cent cinquante euros, délivrant une certification reconnue. Les experts en bilan carbone, dont le salaire se situe entre trente mille et quarante-sept mille euros bruts par an, évaluent l'impact environnemental des activités, proposent des plans de réduction et veillent à leur mise en œuvre effective.
Optimiser vos dépenses énergétiques grâce au diagnostic carbone

Au-delà de la conformité réglementaire, le bilan carbone constitue un levier puissant d'optimisation économique. En identifiant les gaspillages et les inefficacités énergétiques, cette démarche révèle des opportunités concrètes de réduction des coûts. Une étude publiée en 2022 par le cabinet Ernst and Young montre que soixante-neuf pour cent des dirigeants d'entreprises déclarent tirer une valeur financière plus élevée que prévu de leurs initiatives climatiques. Cette rentabilité s'explique par la capacité du diagnostic carbone à mettre en lumière les postes de dépenses énergétiques les plus importants et à prioriser les actions de réduction en fonction de leur impact environnemental et économique.
La transition énergétique ne se limite pas à un engagement environnemental, elle représente également une opportunité de modernisation et de compétitivité. Quarante-neuf pour cent des PDG reconnaissent que leurs entreprises subissent déjà les impacts d'événements météorologiques extrêmes, ce qui souligne l'urgence d'anticiper les risques liés au changement climatique. La Banque de France a d'ailleurs annoncé qu'elle exclura de ses portefeuilles d'ici 2024 toute entreprise qui développe de nouveaux projets d'extraction d'énergies fossiles, témoignant d'une pression croissante des investisseurs pour des modèles économiques durables.
Repérer les postes de consommation énergivores
Le diagnostic carbone permet de dresser une cartographie précise des consommations énergétiques de l'entreprise. Cette analyse détaillée identifie les équipements, les processus de production et les bâtiments qui génèrent les émissions les plus importantes. En consolidant les données de consommation d'électricité, de gaz, de carburants et de matières premières, les responsables peuvent visualiser la répartition des émissions par poste et par activité. Cette étape est essentielle pour prioriser les actions et allouer les ressources aux leviers les plus efficaces.
La collecte de données constitue un enjeu central dans cette démarche. Elle nécessite l'implication de l'ensemble des services de l'entreprise, des achats à la logistique en passant par la production et les ressources humaines. Les outils certifiés ADEME facilitent cette collecte en automatisant l'importation des données et en garantissant la fiabilité des calculs. Une fois les données consolidées, l'analyse des résultats met en évidence les écarts entre les différents sites, les variations saisonnières et les opportunités d'amélioration. Cette transparence favorise une prise de décision éclairée et renforce la mobilisation des équipes autour des objectifs de décarbonation.
Réaliser des économies durables sur vos factures
La réduction de l'empreinte carbone se traduit mécaniquement par une diminution des consommations d'énergie et donc des factures associées. En améliorant l'efficacité énergétique des bâtiments, en optimisant les processus industriels et en favorisant les énergies renouvelables, les entreprises peuvent réaliser des économies substantielles sur le long terme. Ces gains financiers permettent d'amortir rapidement les investissements réalisés dans la transition écologique et de dégager des marges pour de nouveaux projets d'innovation.
Le programme Diag Décarbon'Action, soutenu par BPI France, illustre l'accompagnement public disponible pour faciliter cette transition. Depuis le premier juillet 2024, ce dispositif propose un reste à charge de six mille euros sur un prix total de dix mille euros pour la réalisation d'un bilan carbone. Les entreprises de moins de deux cent cinquante salariés peuvent bénéficier d'une prise en charge à hauteur de quarante pour cent des frais, ce taux montant à soixante pour cent pour celles de moins de cinq cents salariés si aucun diagnostic similaire n'a été réalisé dans les cinq dernières années. Cette subvention rend accessible la démarche à un large panel d'entreprises et encourage l'adoption massive des pratiques de comptabilité carbone.
Les actions de réduction peuvent prendre diverses formes selon les spécificités de chaque entreprise. L'amélioration de l'efficacité énergétique passe par l'isolation thermique des bâtiments, le remplacement des équipements obsolètes et l'optimisation des systèmes de chauffage et de climatisation. L'utilisation d'énergies renouvelables, comme l'installation de panneaux solaires ou le recours à des contrats d'électricité verte, permet de réduire significativement les émissions du scope 2. La réduction des déplacements professionnels, favorisée par le télétravail et les visioconférences, diminue les émissions liées aux transports. L'éco-conception des produits et l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement, notamment par le choix de fournisseurs locaux et engagés dans la décarbonation, contribuent à limiter les émissions du scope 3.
Selon une étude de l'Unedic, quatre-vingt-quatre pour cent des actifs français veulent un travail en adéquation avec le défi climatique, et un quart envisage de changer de métier ou d'entreprise pour trouver un emploi plus aligné avec leurs valeurs. Cette donnée souligne l'importance pour les entreprises d'afficher une stratégie climat ambitieuse pour attirer et retenir les talents. La définition d'une trajectoire de réduction, l'élaboration d'un plan d'action climat et la communication transparente sur les résultats obtenus renforcent l'engagement des collaborateurs et améliorent la performance extra-financière. La démarche de bilan carbone, loin d'être une simple contrainte, devient ainsi un véritable levier de transformation stratégique qui améliore simultanément la compétitivité, la réputation et la résilience de l'entreprise face aux enjeux climatiques.

